Comment une PME provençale a multiplié sa valorisation par trois
L'analyse financière stratégique qui a transformé une entreprise familiale en référence régionale du secteur agroalimentaire

Une situation délicate devenue opportunité
En mars 2023, une conserverie familiale établie depuis 1987 nous contacte. Le constat est brutal : marge opérationnelle en baisse depuis quatre ans, trésorerie tendue, et surtout une incompréhension totale des mécanismes financiers en jeu.
Le dirigeant, ancien chef de production devenu patron après le départ à la retraite de son père, gérait son entreprise avec intuition. Ça marchait... jusqu'à ce que le marché change. Les grandes surfaces renégociaient leurs tarifs. La concurrence espagnole grignotait des parts. Et personne ne comprenait vraiment où partait l'argent.
Notre première intervention a duré six semaines. On a décortiqué chaque ligne de compte, analysé chaque processus de production, comparé les marges par gamme de produits. Et on a découvert que l'entreprise perdait de l'argent sur 40% de ses références sans le savoir.

Vadim Delorme
Analyste Sénior
L'analyse qui change tout
Ce qui frappe dans ce dossier, c'est la rapidité avec laquelle les choses ont basculé une fois les bons indicateurs identifiés. L'entreprise avait les moyens de s'en sortir. Elle manquait juste de visibilité.
On a mis en place un tableau de bord mensuel avec sept indicateurs clés. Rien de compliqué : marge par famille de produits, coût de revient actualisé, rotation des stocks, délai client moyen, point mort mensuel, taux de transformation des devis, et flux de trésorerie prévisionnel à 90 jours.
- Identification de 18 références déficitaires représentant 2,3 millions d'euros de chiffre d'affaires mais absorbant 15% des coûts fixes
- Renégociation des conditions fournisseurs basée sur des volumes réels analysés sur trois ans plutôt que sur des habitudes
- Réorganisation de la production par rentabilité plutôt que par volume, libérant 22% de capacité pour les gammes premium
- Mise en place d'un système de tarification dynamique corrélé aux coûts réels des matières premières
Six mois après, l'entreprise respirait différemment. Les décisions se prenaient sur des données, pas sur des impressions. Et ça change absolument tout dans un contexte de marché tendu.
Marge opérationnelle
Passée de 4,2% à 5,6% en 14 mois grâce au recentrage sur les gammes rentables et à l'optimisation des coûts de structure
Besoin en fonds de roulement
Réduction du BFR de 740 000€ via une gestion affinée des stocks et une accélération du recouvrement client
Valorisation entreprise
Évaluée à 8,2 millions en janvier 2025 contre 2,6 millions en mars 2023, ouvrant la voie à un projet de transmission
La méthode qui fait la différence
Ce qui a fonctionné ici, c'est une approche pragmatique. On ne débarque pas avec des solutions toutes faites. On écoute, on analyse, on comprend le métier. Cette conserverie avait ses particularités : saisonnalité forte, dépendance à trois gros clients, équipe soudée mais peu formée à la gestion.
L'analyse financière, c'est pas juste aligner des chiffres dans Excel. C'est comprendre la réalité opérationnelle derrière chaque ligne comptable. Pourquoi cette charge a augmenté ? Quel impact réel de ce nouveau contrat ? Qu'est-ce qui se cache derrière cette variation de marge ?
On a passé trois jours dans l'usine. On a discuté avec les équipes. On a observé le processus de fabrication. Parce que les réponses sont souvent là, sur le terrain, pas dans les bureaux.
Phase diagnostic
Audit complet des flux financiers sur 36 mois
6 semainesPhase mise en œuvre
Déploiement des outils et formation des équipes
4 moisSuivi consolidation
Accompagnement mensuel et ajustements stratégiques
12 moisDes décisions éclairées au quotidien
Aujourd'hui, le dirigeant consulte son tableau de bord chaque lundi matin. Il sait exactement où en est sa trésorerie, quelles gammes performent, où sont les tensions. Et surtout, il peut anticiper plutôt que subir.
L'entreprise a arrêté sept références non rentables. Ça représentait du chiffre d'affaires, certes, mais ça libérait de la capacité pour développer deux nouvelles gammes premium avec des marges à 12%. Le CA global a baissé de 8% la première année, mais le résultat net a été multiplié par 2,4.
C'est contre-intuitif quand on vient du monde de la production. On nous a toujours dit que plus on vendait, mieux c'était. Mais vendre à perte, c'est juste accélérer vers le mur. L'analyse financière permet de sortir de ces fausses évidences.
Rentabilité par gamme
Les gammes traditionnelles généraient 62% du CA mais seulement 34% de la marge. Les gammes premium, 23% du CA et 51% de la marge. Le reste était déficitaire.
Structure de coûts
Les charges fixes représentaient 68% des coûts totaux. Impossible de les baisser rapidement. La solution passait par l'optimisation du mix produits et l'amélioration des prix de vente.
Projection 2026
Avec la trajectoire actuelle et le lancement d'une nouvelle ligne bio en septembre 2025, l'objectif est d'atteindre 9,5 millions d'euros de valorisation d'ici fin 2026.